Les Siamois d’Ouessant

Sept minutes les séparaient à la naissance sur les terres du Finistère. Sept minutes et sans doute sept secondes, tant le sept fut leur chiffre fétiche : nés un sept juillet vers sept heures, ils auront mis sept vies pour combler ces sept minutes de distance originelle.

Après l’enfance, l’âge de raison, l’adolescence, vint la déraison de la quatrième vie, quand ils vécurent en même temps leur premier amour ; leur première rupture à la cinquième. La sixième fut marquée par l’apprentissage et la fusion de deux passions : la danse et le voyage. Ils embarquèrent alors pour une septième vie sur des navires de croisière. Ils y présentaient un spectacle mêlant la musique bretonne à une chorégraphie empreinte de leur gémellité, toute en variations de reflets et miroirs.

De l’Atlantique à la Méditerranée, ils furent surnommés les Siamois d’Ouessant.

Quand un capitaine saoul alla échouer son bateau sur des récifs de la mer Égée, on compta trente-sept morts, dont sept disparus, parmi lesquels deux danseurs. La mer garda leurs corps comme leur dernier adage.

Toutefois, les anciens disent que leurs âmes trouvèrent refuge dans les brise-lames de Saint-Malo.

~

Extrait de Brise-lâmes, un recueil de photo / poésie / contes marins auto-édité avec The BookEdition

couverture de brise-lâmes : recueil de contes, photo et poésie de marin wibaux