La Gardienne du silence

Vivant des soins qu’elle prodiguait à qui était souffrant ou dans le besoin, sa réputation n’était plus à faire : on venait de bourgs lointains pour la consulter dans sa cahute de pierres et de bois nichée à quelques encablures du chemin des douaniers.

Peu loquace, son regard était pénétrant et ses gestes apaisants. Sa foi dans le respect du secret murmuré faisait d’elle une doctoresse tout autant qu’une confidente.

Ses proches la surnommèrent la Gardienne du silence.

Un soir d’automne, à l’autre bout de la baie, elle assista une jeune femme qui accouchait. Quand elle quitta le nourrisson au sein de sa mère, personne ne songea vivre cet instant comme étant sa dernière prestation. Cependant, au matin, on trouva sa sacoche de cuir ouverte au vent et ses vêtements qui virevoltaient sur le rivage.

Dans la glaise, les traces de ses pas se dirigeaient vers l’océan. La mer garda son corps comme sa dernière diligence.

Toutefois, les anciens disent que son âme trouva refuge dans les brise-lames de Saint-Malo.

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Extrait de Brise-lâmes, un recueil de photo / poésie / contes marins auto-édité avec The BookEdition

couverture de brise-lâmes : recueil de contes, photo et poésie de marin wibaux