le lion de sel

Antonin se disait envoûté par l’Afrique, sa faune, sa flore, ses terres et ses eaux, ses peuples bigarrés aux rites ancestraux… Par et pour cette passion, il devint le responsable d’une réserve naturelle étendue autour d’un lac salé.

Quand un conflit opposa deux des clans qui partageaient ce territoire, le parc devint le terrain de combats sanglants. Les animaux sauvages furent chassés pour remplir les gamelles des soldats belligérants, et devinrent aussi la proie de nombreux contrebandiers qui profitaient du chaos ambiant pour s’enrichir à moindre risque.

Ne pouvant s’interposer à la folie des hommes, Antonin tenta de sauver quelques animaux remarquables, dont un lion au pelage d’une blancheur immaculée, qu’il avait baptisé Le Lion de sel. Un zoo du nord de l’Europe accepta d’accueillir ce royal animal.

L’annonce de son transfert froissa les autochtones. En ces temps de troubles militaires, il ne leur fut pas difficile de commanditer une réponse armée à ce qu’ils considéraient comme un acte d’agression post-coloniale. L’avion affrété pour transporter le fauve fut ainsi piégé et la bombe explosa en vol au-dessus de la Manche.

La recherche des corps des membres d’équipage et des soigneurs animaliers ne permit pas de retrouver celui du félin en robe blanche.

Toutefois, les anciens disent que son âme trouva refuge dans les brise-lames de Saint-Malo.

Extrait de Brise-lâmes, un recueil de photo / haïkus et contes marins

couverture de brise-lâmes : recueil de contes, photo et poésie de marin wibaux